Choix Goncourt de la Suède – œuvre 3 : Les Presque Sœurs

Dans le cadre du Choix Goncourt de la Suède 2023, Lillian Streichart, Lovisa Alexandersson, Simona Holmquist et Christer Pettersson présentent une critique littéraire de Les Presque Sœurs de Cloé Korman (Éditions du Seuil, 2022), basée sur les débats du jury.

Dans Les Presque Sœurs, nous suivons une narratrice qui retrace les pas de ses trois cousines juives, les sœurs Korman, pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces filles, d’origine polonaise, vivaient en France pendant la guerre et sont devenus orphelines en 1942 après la déportation de leurs parents. Elles sont ensuite ballottées entre les camps, les internements et divers foyers. En août 1944, elles sont transférées à Auschwitz où elles seront assassinées, comme des milliers d’enfants juifs déportés de France par le régime de Vichy. La narratrice rencontre ensuite des survivantes, les sœurs Kaminsky, dont le témoignage contribue à dépeindre le destin des sœurs Korman. Cette rencontre nous explique le titre du roman, car les sœurs Kaminsky et Korman internées et placées dans divers foyers ensemble sont devenues presque sœurs. 

 Source : Hermance TRIAY/opale.photo

Cloé Korman, née à Paris en 1983, est auteur et enseignante de français. Ella a publié quatre romans et un essai autobiographique.  

Avec son quatrième roman, Cloé Korman raconte une histoire touchante qui se déroule pendant seulement deux ans. Le rythme du récit suggère à la fois l’angoisse mais aussi la vitesse à laquelle les évènements se sont déroulés. Parfois, Cloé Korman donne place à la réflexion sur l’existence et s’arrête avec émotion sur les filles, pour surprendre leur souffrance et leur vulnérabilité mais aussi leur force. La narration suit simultanément le récit des minutieuses recherches de documentation, entrelacé avec le récit de la trajectoire tragique de ces filles. L’histoire est au présent historique, réunissant le passé et le présent, ce qui actualise l’histoire et plus spécifiquement le destin de ces filles d’une manière touchante. 

Cependant, parfois il nous semble que Cloé Korman reste trop fidèle à l’histoire en citant plusieurs dates historiques qui pourraient être considérées comme superflues. Ce récit historique qui tourne autour de plusieurs personnages et endroits contient des passages que certains pourraient considérer comme trop lourds, voire décousus. 

Cloé Korman nous rappelle que la littérature est un instrument de transmission de la mémoire qui à travers la narration fait « sortir du néant » des êtres humains qui n’auraient jamais eu une voix pour raconter leur histoire. En sauvegardant la mémoire individuelle, Les presque sœurs apporte aussi une contribution importante à la mémoire collective. 

Découvrez le mois prochain, la critique de Une Somme humaine, de Makenzy Orcel. Pour en savoir plus sur le Choix Goncourt de la Suède 2023, cliquez ici

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