Jean Sabrier
Jean Sabrier est né à Cestas le 10 juillet 1951, de parents tous deux ouvriers. Avec un CAP mécanique en poche, il se tourne rapidement vers l’art notamment la peinture qu’il ne connaît que par des reproductions dans des livres ou des articles de journaux. Quelques rencontres déterminantes de poètes (Jean-Pierre Rouquier, Bernard Noël, Henri Michaux) lui permettent de s’initier au monde de la littérature et de l’art dès l’adolescence. Cet intérêt pour le mot et l’écrit l’accompagnera tout au long de sa production artistique.
Des voyages en Angleterre (avec la révélation d’Hans Holbein à la National Gallery) et en Italie (avec la découverte de Piero della Francesca et de Paolo Uccello entre autres) confirment sa passion et son envie d’expérimentation avec le médium de la peinture. Jean Sabrier est décédé le 25 février 2020.
Les années 1970 forment sa pratique personnelle, avec la rencontre avec le travail de Marcel Duchamp, qui deviendra une sorte de mentor invisible et de fil rouge de l’ensemble de son œuvre, l’encourageant à sortir du cadre de la toile et à explorer d’autres techniques artistiques. C’est en 1994 qu’un coup de foudre artistique et intellectuel a lieu entre Jean Sabrier et l’artiste britannique Richard Hamilton, tous les deux exposant leur travail dans le cadre d’un hommage à Duchamp proposé par l’École des Beaux Arts de Rouen. Les décennies d’amitié, de correspondance et d’échanges écrits comme de voyages entre les deux hommes confirment leur grand intérêt pour le travail l’un de l’autre, dépassant les frontière géographiques et la barrière de la langue (Richard ne parlant pas français et Jeanne parlant pas anglais).
La fin des années 1980 marque un tournant dans sa pratique avec les prémices du travail sur ordinateur lui permettant de réaliser un vœu pieu de Marcel Duchamp : mettre en mouvement les œuvres d’art. Cette volonté d’animation et de mouvement ne cessera de l’accompagner, avec les vingt dernières années de sa vie passées derrière son ordinateur, à créer des films d’animation toutes plus référencées les unes que les autres et démontrant la formidable capacité de Jean Sabrier à produire des œuvres qui cherchent à repousser les limites de la création artistique et à faire de lui un artiste « complet » au parcours atypique, avec une œuvre refermant un monde complexe dans une carapace d’une simplicité recherchée.
Il a été l’objet de plusieurs expositions personnelles, notamment Notes pour un chapeau qui serait portrait (Galerie Jacques Donguy, Bordeaux, 1980) ; Le musée n’expose que le musée (Musée de La Roche-sur-Yon, 1983) ; Jean Sabrier (Musée de Périgueux, 1994) ; Jean Sabrier (Musée Bonnat, Bayonne, 1996) et a inauguré en 2011 le Musée Jean Cocteau de Menton (architecture Rudy Ricciotti) avec une exposition monographique d’envergure. Son travail a été exposé en France comme à l’étranger lors d’expositions collectives (MUHKA Museum van Hedendaagse Kunst Antwerpen ; Musée de l’Abbaye Ste Croix, Les Sables d’Olonne ; École des Beaux-Arts, Rouen ; Musée Boijmans van Beuningen, Rotterdam ; Francis M Naumann Fine Art, LLC, New York, entre autres) et il a contribué à de nombreux ouvrages, en tant qu’écrivain, éditeur et maquettiste, notamment pour la revue Étant donné consacrée au travail de Marcel Duchamp.