Stockholm Design Week est un événement se déroulant du 8 au 14 février, et a pour objectif de promouvoir les figures importantes du design scandinave. Dans ce contexte, l´Institut français de Suède a interviewé Emma Blanche, co-fondatrice du studio Färg & Blanche, créé en 2010 à Stockholm. Née en France, Emma Blanche a organisé de nombreuses expositions et décloisonne les disciplines artistiques, notamment avec la collaboration Longing to fly, longing to fall, réalisée avec le chorégraphe Oskar Frisk et à l´architecte Erika Janunger – sans oublier son collaborateur Frederik Färg, avec qui elle a co-fondé son studio. Le studio Färg & Blanche a été désigné comme « Designer de l´année » par Residence Magazine en 2016.
Votre concept de ‘Extreme Sewing’ semble être paradoxal avant de voir vos œuvres, telle ‘Nailed Succession,’ votre repose-pied recouvert de clous. Parlez-nous de ce concept.
Nous avons longtemps travaillé et expérimenté avec les matières textiles et testé de nombreuses choses avec nos machines à coudre, nous avons voulu défier les idées reçues sur ce qu’une machine à coudre pouvait faire. Si une machine à coudre peut attacher deux morceaux de textile ensemble, pourquoi pas d’autre matériaux et après plusieurs années de test nous avons réussi à coudre du plywood pour développer une technique que nous appelons Wood Tailoring, puis ensuite nous nous sommes attaqués au métal. C’est notre curiosité à expérimenter avec les matériaux et techniques qui nous pousse à chercher toujours de nouvelles façons d’aborder notre travail.
Votre travail est reconnu dans le monde du design, mais peut aussi être vu comme un réel travail sur la sculpture dans le cadre de Misschiefs, ainsi que sur la danse au sein de votre œuvre “Longing to Fly, Longing to Fall’, qui mêle vidéo et chorégraphies. Travailler dans des contextes interdisciplinaires change-t-il la façon dont vous voyez votre propre travail ?
Depuis le début nous avons voulu travailler d’une manière transversale dans différents contextes : design, sculpture, art public, design d’exposition…. etc. Et surtout de toujours apprendre de nouvelles techniques, différents arts et travailler avec des personnes différentes qui ont d’autres compétences. Que ce soit la danse ou un artisanat dans une fabrique de meubles,nous travaillons d’une certaine manière jamais seuls. Et ça change à chaque fois notre point de vue tout en gardant une manière de penser bien à nous et notre ligne esthétique.
Trouvez-vous certaines esthétiques de vos créations davantage marquées par les styles français ou suédois ? Certains de vos designs sont-ils plus appréciés dans un pays que dans l ‘autre ?
C’est difficile à dire car j’espère vraiment ne pas tomber dans un préjugé esthétique d’une culture ou d’une autre. D’ailleurs à ce sujet la Suède en a beaucoup plus que la France même si ça commence à changer. Mais ce que je peux dire, c’est qu’en Suède les gens nous disent souvent que l’on est pas typique suédois. Et dans le sud de l’Europe c’est le contraire. Alors tout dépend vraiment du point de vue et dans quelle case les gens cherchent à nous mettre.
Photo: Lennart Durehed